Ce que je vois (en cours)

CE QUE JE VOIS

 

Film documentaire
vidéo 4:3 SD PALVidéo
tournage et montage en cours
Avec la participation de Patricia Choulet, non-voyante

Réalisation, image, son, mixage : Delphine Ziegler

Production : Association Jusqu’au Bout du Champ

 Regarder  des extraits vidéo  –  [en préparation]

 

Un regard sur le quotidien d’une non-voyante, mais aussi sur ses aspirations et ses investissements personnels dans sa vie de femme, professionnelle comme familiale. Le film est tourné sur une longue durée, ce qui permet de développer d’une manière plus naturelle des liens avec Patricia, dont la personnalité est particulièrement riche et communicante.


Quelques mots sur le contexte du film…


Elle s’appuie sur mon bras. Elle a le pas sûr. C’est le mien qui devient moins sûr. Nous marchons en forêt, sur un chemin que je réalise plein d’embûches: boue, flaques, branches,  cailloux sous les feuilles mortes. Je suis consciente de mon rôle de guide, et comme sa canne blanche, je m’applique à anticiper là où elle va poser son pied pour éviter qu’elle ne glisse ou se tordre une cheville. Je suis souvent maladroite et un temps en retard. Je m’en excuse. Elle rit mais ne s’arrête pas. C’est l’automne. La forêt offre un spectacle éblouissant. Je ne peux m’empêcher de lui décrire cette lumière de fin d’après-midi qui embrase les arbres. Je la sens en osmose.
Elle est aveugle. Son ex-mari aussi. Ils ont eu une fille, qu’elle a juste eu le temps d’entrevoir à la naissance, avec ce qui lui restait de vision. Le père est aveugle depuis l’adolescence.
Sa fille a suivi mes ateliers d’arts plastiques pendant 3 ans et a pratiqué une activité que mes propres enfants suivaient aussi, le samedi après-midi. Nous nous sommes donc vues  régulièrement, entre mères, pendant plusieurs saisons, et de nos entrevues m’est venue l’idée de faire un film sur la « vision » qu’elle a développé avec ses autres sens.
La vision : ce sens qui va de soi pour la plupart d’entre nous et sans lequel nous nous retrouverions le plus durement touchés dans notre propre raison de vivre; ce sens qui est majoritairement développé dans notre civilisation de l’image; ce sens qui m’est vital, à moi qui me considère comme une artiste « visuelle » — pour qui le contenu passe par la forme (qui donne à voir).
Je me suis adressée à elle ouvertement, lui demandant si elle aimerait collaborer sur un film avec moi. Ce serait à elle de me suggérer quoi filmer et donc de me guider dans le scénario, par rapport à son vécu et ses ressentis. Et à moi, de filmer. Ce serait un travail d’équipe. Je la savais curieuse, ouverte et entreprenante et sa réponse ne m’a pas surprise. Elle a accepté sur le champ. Sa famille l’a suivie dans sa décision.
Nous avons commencé le tournage il y a quelques années. Par intermittences. Les idées continuent à essaimer dans nos têtes. Le projet évolue à son rythme propre, au fil des expériences, selon nos disponibilités, sans pression, ni échéance. Il s’appuie sur l’écoute mutuelle et sur l’échange. C’est une grande aventure de partage, et pour moi, une plongée dans la contrée des sens. [Eté 2012]

 

Quelques images…